Voilà quinze ans que Sébastien Paindestre propose son approche du trio Jazz. Quinze ans et voici seulement le 4ème album. C'est dire l'importance que revêtent la composition et l'enregistrement chez ce montreuillois d'origine, qui en profite pour rendre hommage à sa ville de coeur, Paris.

Accompagné de ses acolytes Jean-Claude Oleksiak (contrebasse) et Antoine Paganotti (batterie), sa musique est inspirée. Il s'amuse d'une note, d'un motif, le décline, tourne autour, tourne avec, tourne contre, rend compte à nouveau, développe une boucle, enchaîne une autre, il file son ouvrage, simplement, méticuleusement, il file entre les lignes de basse, doucement, calme et vif à la fois, il file la métaphore musicale, propose des images de diverses formes, sur des constructions main gauche parfois lancinantes, jouant de décalages rythmiques, aux points d'appui mouvants.

On sent l'influence du classique dans le développement mélodique, dans le temps qui semble se dilater doucement, et on se laisse transporter, guider par une musique souvent faussement mélancolique, parfois groovy, pop, voire Rock, selon les titres.

Si tous les styles fonctionnent, nous avons été particulièrement séduits par ceux où le Classique rencontre le Jazz, notamment Scottish Folk Song (reprise du saxophoniste Walt Weiskopf), dans lequel, comme à plusieurs reprises dans l'album, le piano acoustique laisse la place à un Fender Rhodes saturé plus Rock, et plus tendu dans ses propositions harmoniques, ainsi que le titre Louise-Anne, en hommage à sa fille.

La section rythmique est légère et affirmée, et met parfaitement en relief toute l'imagination du leader.

On aurait aimé peut-être un peu plus de lâcher prise de temps en temps, un ou deux chorus plus débridés, mais voilà tout de même un bien bel ouvrage, original et sincère, rafraîchissant.

Notons enfin le très joli titre de fin, Round' Rahiohead, duo entre le pianiste et le saxophoniste Nicolas Prost, clin d'oeil à Radiohead (Sébastien Paindestre a consacré deux volumes à ce groupe en 2010 et 2013), où les deux compères jouent de leurs influences classiques.

Exposition ravelienne, arrangements pop-rock, improvisations jazz, et des images, toujours des images, encore des images. Une musique de film intérieur.

Il y a du Brad Meldhau chez ce garçon, du Ravel aussi, et sans doute une pointe de Bill Evans. Espérons qu'on en reprenne pour 15 ans !

Sébastien Paindestre, Paris
Tag(s) : #Chroniques CD
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